La composition échiquéenne
        Critique



La beauté aux échecs, partie et problème

Dans la préface de son anthologie de parties « Les Prix de beauté aux échecs », François Le Lionnais écrit : « Il y a une beauté échiquéenne comme il y a une beauté féminine, une beauté florale, une beauté musicale, une beauté géométrique. On éprouve une émotion esthétique souvent profonde en communiant avec cette beauté ».

Pour une partie, François Le Lionnais donne les sept critères de beauté suivants que nous pouvons chercher à adapter à la composition échiquéenne.

  • 1. « La correction (du premier genre). Une combinaison réfutable témoigne peut-être d’un effort inventif estimable. En aucun cas elle ne saurait être considérée comme belle. »

Pour les problémistes et les étudistes, c’est une condition purement mathématique, un problème et une étude n’existent pas s’ils sont insolubles.

  • 2. « La correction (du deuxième genre). Aussi ingénieuse qu’elle soit, une combinaison ne peut être considérée comme belle s’il existe une combinaison plus courte pour forcer le gain. Cela est vrai si la combinaison écartée est moins ingénieuse que celle adoptée ; cela devient encore moins discutable si la combinaison écartée est plus ingénieuse que celle adoptée. »

Un problème et une étude n’existent pas s’ils sont démolis ou même « dualistiques ».

  • 3. « La difficulté. Une partie est d’autant plus belle que les deux adversaires se créent plus de difficultés et déjouent les manœuvres qui leur sont opposées. Plus le perdant fait de fautes grossières, plus cela enlève de valeur au succès du vainqueur, surtout si les combinaisons primées n’ont été possibles que grâce à ces grosses fautes. Réciproquement, une victoire est d’autant plus belle qu’elle est obtenue par des manœuvres qui se déroulent parmi de grands dangers. »

Pour le compositeur, trouver un « bon » adversaire, c’est trouver un bon contre-jeu des Noirs dans un problème direct ou un problème inverse. Le compositeur doit éviter que des défenses noires soient sans intérêt. La difficulté dont il est question n’est pas la difficulté à résoudre le problème. mais la résistance de l’adversaire.

  • 4. « La vivacité. Une partie est d’autant plus belle qu’elle contient un moins grand nombre de coups ternes et un plus grand nombre de coups spectaculaires. Des coups sont spectaculaires quand ils sont imprévus c’est-à-dire quand ils sacrifient du matériel ou de l’activité. »

Le problème cherchant précisément à montrer ce qui spectaculaire ou remarquable, on peut penser qu’il n’y aura pas de temps morts dans la solution d’un problème. Les problémistes veillent à exprimer leurs idées sous une forme économique, et la longueur du jeu peut être parfois considérée comme excessive.

  • 5. « L’originalité. Une partie ou une combinaison qui a déjà été admirée pour sa beauté ne peut plus constituer un titre pour l’obtention d’un prix, si elle se répète dans une autre partie. »

S’il a la possibilité de gagner grâce à elles, un joueur utilisera des stratégies et des « méthodes » déjà vues. Il n’a pas le choix. Pour un problémiste, montrer une « combinaison » connue (même si ce n’est pas en la copiant, mais en la réinventant) n’est pas accepté. On dit que son problème est « anticipé ». L’auteur a été devancé.

  • 6. « La richesse. Une partie est d’autant plus belle qu’elle contient un plus grand nombre de combinaisons différentes. On en reconnaît la diversité à l’emploi de pièces différentes ou des mêmes pièces dans des rôles différents. Ces combinaisons différentes peuvent se présenter successivement ou alternativement. Dans le premier cas la richesse est apparente, les combinaisons étant réellement jouées. Dans le deuxième cas la richesse est invisible ; ce sont les commentaires qui font ressortir, en se basant sur des possibilités de combinaisons, pourquoi des coups ont été adoptés ou écartés. »

Si la richesse d’une position de partie jouée peut être considérée comme fortuite, la densité et la complexité sont recherchées et maîtrisées par le compositeur. Elles sont appréciées par l’amateur.

  • 7. « L’unité logique. Une partie est plus belle lorsque tous ses coups, manœuvres et combinaisons sont subordonnés à un plan d’ensemble unique et juste. »

Comme la richesse, l’unité thématique peut être maîtrisée par le compositeur.

Partie et composition

La partie est une œuvre construite à deux. Ils ne peuvent maîtriser tous les éléments. Le problémiste le peut, on sera donc très exigeant avec lui. Toutefois le résultat paraîtra souvent artificiel au joueur.

Une composition est une création ou les combattants sont des « cascadeurs » et non des adversaires. Les combats des cascadeurs peuvent être plus riches mais moins naturels.

Beauté « statique »

Une position peut être plus ou moins agréable à l’œil : les positions lourdes sont celles qui comportent de nombreuses pièces ou celles dont on dit qu’elles ne sont pas « aérée ». L’utilisation de l’espace est y mauvaise tant sur le plan statique que dynamique. On préfère généralement les mouvements amples à ceux qui se limitent à un espace restreint.

Des esthétiques sont développées par les « Écoles ».






Ouvrage créé et géré à l'aide de SPIP, logiciel libre distribué sous Licence publique générale GNU (GNU GPL). Origine des images des pièces du jeu d'échecs et des échiquiers (Wikimedia Commons). D’autres informations : Echekk.